Entre les murs
de pierres sèches
Même s’il est précisément délimité derrière ses murs, on n’en finit jamais de faire le tour du Clos des Lambrays. L’un des 33 Grands Crus de la Bourgogne. L’un de ses plus précieux Climats.
C’est à une promenade au cœur de Morey-Saint-Denis que nous vous invitons. Elle vous attachera à son histoire et son patrimoine. Prenez le temps de flâner sur les sentiers calcicoles qui longent les murs. En bas de la pente, à quelques pas du puits communal, une borne rappelle la fondation en 1365. En haut, vous atteignez l’emblématique portail de pierre qui donne accès aux 202 ouvrées de vigne (8,66 hectares) que possède le Domaine. En arrière-plan, la ligne de crête des Alpes se dessine parfois.
Contemplons les ondulations de la pente. Sur le maigre sol de calcaire et d’argiles, pousse la vigne qui donne année après année, avec les nuances du millésime, un vin de Pinot noir d’élégance, capable de traverser les décennies.
Haut-Lieu
de la Côte de Nuits
Entre Gevrey-Chambertin au Nord et Chambolle-Musigny au Sud, Morey-Saint-Denis cultive la discrétion et... les Grands Crus. Clos des Lambrays, Bonnes-Mares, Clos Saint Denis, Clos de la Roche, Clos de Tart : Morey-Saint-Denis est le village de la Côte de Nuits avec l’une des plus grandes proportions de Grands Crus. Parmi eux, le Clos des Lambrays jouit d’une situation exceptionnelle.
Ce cru est bien un haut-lieu de la Côte de Nuits. Il est composé de douces croupes, aux orientations diverses, où s’enracinent les vignes depuis 30, 50, 60 ans, voire plus. Les amplitudes et les diversités topographiques des croupes offrent au Pinot noir un terrain d’adaptation idéal et varié. Notre viticulture éclairée s’efforce d’en révéler les infinies nuances pour créer un vin de garde.
Le Climat des Lambrays
Climats et Lieux-Dits ne se superposent pas. Avec le Clos des Lambrays, on touche à l’essence de la Bourgogne viticole. Il faut se plonger dans son univers si particulier et si attachant, avec son propre langage et sa codification, pour la goûter toujours mieux. Au sein du Clos, le Climat -cette entité traditionnelle de terrain liée à un vin- fond en un seul vin, trois lieux-dits Les Larrets, Les Bouchots & Le Meix-Rentier.
Les Larrets, avec leur forte pente de mi-coteau et leur sol pauvre, confèrent élégance et finesse au Clos des Lambrays. Le Meix-Rentier est le bas de côte plus profond, qui compose l’assise du vin. Les Bouchots au Nord en sortie de combe, sont traditionnellement vendangés au terme de la campagne et enrichissent de nouvelles facettes l’ensemble. Le caractère du cru prévaut sur les styles des vinificateurs successifs de manière spectaculaire.
Depuis 1365
La première mention du « Clos des Lambrays » remonte au XIVème siècle. Des archives de l’Abbaye de Cîteaux attestent de son existence dès 1365. Une borne gravée de cette date témoigne de cette fondation. À l’issue de la Révolution Française, le Clos est alors extrêmement morcelé. La lecture des archives et des cartes du cadastre viticole dont le domaine est en possession, fait apparaître l’histoire d’une inexorable volonté des propriétaires successifs aux XIXème et XXème siècles, de reconstituer l’intégrité du Clos médiéval, conçu comme un idéal à parachever.
Lorsque les premières appellations d’origine sont édictées en 1936, le Clos des Lambrays figure dans la catégorie des Premiers Crus. Pourtant les mentions de son vin dans les nomenclatures d’experts le classent au niveau des Grands Crus.
La consécration moderne
C’est la détermination des familles Joly et Rodier, et de leurs descendants, des années 1930 aux années 1980, qui a permis au Clos des Lambrays de recouvrer le rang légitime de Grand Cru que l’histoire lui avait reconnu de facto. Et que les amateurs lui avaient toujours accordé. En 1981 le statut officiel et le statut officieux coïncident enfin. Il aura fallu près d’un demi-siècle pour que l’Institut National des Appellations d’Origine consacre la position du Clos des Lambrays en tant que 33ème des Grands Crus de la Bourgogne.
Depuis 1979 les coups de cœur et du sort se succèdent. La propriété a été embellie entre les mains de Messieurs Louis et Fabien Saier et de Monsieur Rolland Pelletier de Chambure, puis de la famille Freund à partir de 1996, pour être enfin acquise en 2014 par le groupe LVMH.
Première moitié du XXème siècle
1918
Le patrimoine
Les belles conditions climatiques de printemps et d’été offrent une base solide à ce millésime. Si l’automne maussade ne fait pas de 1918 un millésime chaud encensé à sa sortie, les grands terroirs se révèlent dans le temps. Le Clos des Lambrays prend toute sa dimension : on reconnaît sa vibrante singularité d’aujourd’hui ; il se place au sommet des vins de la Côte-de-Nuits. C’est pourquoi il est le millésime le plus ancien conservé dans notre cave.
1937
L’étalon
Grand millésime par excellence, avec un soleil splendide depuis le printemps jusqu’à la récolte, juste tempéré par ce qu’il faut de pluies éparses. De ces années où l’homme s’efface et laisse parler la magie du vin. Quatre-vingts ans plus tard, ce vin atteste que Camille Rodier, l’emblématique propriétaire d’alors, faisait vivre au Clos des Lambrays un âge d’or. Les vins de Bourgogne qui ont été bien conservés depuis cette époque sont extrêmement rares.
1945
La rareté
Le “miracle bourguignon” n’est pas une idée nouvelle. Grave gel tardif, sécheresse estivale se conjuguent pour donner une récolte confidentielle mais délicieuse. Le Clos des Lambrays 1945 est rare dès sa naissance. À nouveau la grande Histoire converge avec la destinée de nos climats, comme si hommes et vignes communiaient. Millésime de grande garde, il a fait partie de la sélection des vins présentés pour obtenir la consécration en Grand Cru en 1981.
1960-1980 La Transition
1966
La longévité
On ne louera jamais assez les belles arrière-saisons en Bourgogne. En 1966, celle-ci rattrape un printemps et un été médiocres. L'acidité reste cependant le trait dominant de ce millésime. Son subtil parfum d'évolution avec des notes de fruits cuits et de gibier, précède une bouche suave.
Si ce vin a passé son apogée, sa présence flamboyante pendant plusieurs décennies témoigne de la longévité et de la complexité du Clos des Lambrays.
1971
La maturité
Une année radieuse, du soleil en abondance, 1971 est un grand souvenir dans la mémoire des vignerons en dépit de petits volumes. Il a fallu maîtriser les effets de la chaleur sur la récolte.
Le Clos des Lambrays se distingue par la maturité de son fruit. Il glisse vers les arômes de torréfaction et d'épices.
1982
La renaissance
“Pourquoi n’aurions-nous pas quelquefois un peu de chance nous aussi ?” s’adresse Roland Pelletier de Chambure à un Thierry Brouin, gérant du Domaine à l'époque, mi-enthousiaste mi-incrédule devant son vin. Quelques années après leur reprise en main du vignoble, la qualité et l’abondance sont enfin au rendez-vous ! Le Clos en production n’atteint alors que les trois quarts de sa surface actuelle. La vendange se déroule en deux petits jours autour de l’équinoxe d’automne. Une nouvelle ère est lancée.
1990 - L'époque contemporaine
1990
Un millésime exceptionnel
Cette année est restée dans les annales de la Bourgogne comme un millésime exceptionnel. Le Clos est au rendez-vous avec les autres Grands Crus. Avec de tout petits rendements, le vin offre des arômes de fruits rouges et noirs très mûrs combinés aux épices. Sa puissance en ajoute à son habituelle élégance.
2003
Le Clos bien tempéré
Il est admis de s’occuper du Clos avec délicatesse, de prendre soin de respecter l’élégance gracile de ce terroir sous peine d’en déséquilibrer le vin. En 2003, c’est la nature qui fut brutale. La canicule estivale est restée dans toutes les mémoires, décalant les vendanges au 24 Août, pour un record de précocité. Soumis à ces conditions extrêmes, le Clos, avec ses vieilles vignes et ses diverses expositions, a fait preuve de résilience. Le vin est tout en finesse et classicisme.
2016
Glorieux avenir
Fin mars, la sortie de la végétation laisse espérer une belle vendange aux vignerons de Bourgogne, qui connaissent des rendements faibles depuis plusieurs années. Fin avril, un épisode gélif d’ampleur inédite dévaste le vignoble. Le Clos des Lambrays échappe au drame. L’été sec et chaud se prolonge en septembre pour des vendanges heureuses. 2016 est donc un rescapé promis à un avenir glorieux. Tout juste vendangé et mis en fûts, le millésime est une excellente nouvelle.